
Quelle est la vie de Clarissa Dalloway, mondaine londonienne des années 1920 ? Et bien rien à voir avec celle que les femmes mènent à notre époque !
La Première guerre mondiale est finie depuis peu et, dans un monologue qui lui est propre, Clarissa nous livre toutes les questions sur sa vie, son mari et un amour ancien revenu des Indes… A-t-elle bien fait d’épouser son mari actuel, quelle aurait été sa vie si elle s’était mariée avec un autre prétendant… Elle s’ennuie car elle est dépendante du carcan marital et sociétal de ces années. Elle doit toujours s’adapter.
EXTRAIT
Car c’était le milieu de juin. La guerre était finie. Sauf pour certains : Mrs Foxcroft qui hier à l’Ambassade se rongeait de chagrin parce que ce joli garçon avait été tué et que maintenant le vieux Manor House passerait à un cousin ; Lady Bexborough, qui, disait-on, avait ouvert une vente de cahrité en tenant à la main un télégramme : John, son préféré, tué. C’était fini, Dieu merci, fini. Et voilà le mois de juin. Le Roi et la Reine étaient au Palais. et pourtant, bien qu’il fût encore très tôt, il y avait un bruit sourd de poneys galopants, des claquements de crosses et de crickets : Lords, Ascot, ranelagh et tous les autres, voilés par le doux réseau gris-bleu de l’air matinal qui, plus tard, se dissiperait, laisserait voir sur les pelouses et sur les pistes les poneys bondissants, qui frappent à peine le sol de leurs pieds de devant et s’élancent, les ardents jeunes gens et les jeunes filles rieuses, aux transparentes mousselines, qui, ce matin même, après avoir dansé toute la nuit, promenaient leurs ridicules chiens au poil de laine.
EXTRAIT
Mais l’amour (pensait-elle, en ôtant son manteau), l’amour entre femmes. Voilà, par exemple, Sally Seton ; ses rapports autrefois avec Sally Seton. N’était-ce pas de l’amour, après tout ?

Ma note : 2/5
Ce que j’en pense…
Ce roman a été publié en 1925 et explique en partie le grand décalage qu’il peut y avoir avec notre époque. L’action se déroule sur une journée et la principale préoccupation de Clarissa est l’organisation de sa vie mondaine avec des personnes de la bourgeoisie londonienne dont les membres sont surtout préoccupés par les potins de ce qui est le «grand monde» à leurs yeux.
S’il est vrai que sa dépendance maritale lui coûte, on ne ressent pas la fureur d’une prise de liberté très éveillée. Clarissa est engluée dans son personnage qui, s’il ne lui convient pas parfaitement, lui amène quand même certains avantages matériels. L’autrice, Virginia Woolf, évoque aussi l’attirance que son héroïne peut ressentir envers une autre femme, ce qui et un sujet très osé pour l’époque.
Malgré l’érudition de cette autrice, cette lecture est loin d’être un coup de cœur pour moi car les modes de pensées sont trop éloignés dans le temps et ne me correspondent pas. Rythme assez faible dans ce roman mais une description minutieuse de la vie des temps passés qui nous ouvre les portes sur le temps qui passe, les regrets, la nostalgie et surtout une grande solitude. J’essaierai de lire un autre roman de Virginia Woolf pour ne pas rester sur cet échec de lecture !
L’autrice…

Virginia Woolf, née Adeline Virginia Alexandra Stephen, est une femme de lettres anglaise. Elle est une petite fille fragile qui ne pourra suivre ses études normalement. Fille du philosophe et écrivain Sir Leslie Stephen, Virginia est marquée par l’enseignement de son père, érudit et austère, qui encourage sa curiosité intellectuelle. Elle perd sa mère en 1895 puis son père en 1904 et s’installe ensuite à Londres dans le quartier de Bloomsbury. Elle souffre déjà de dépression et se consacre alors entièrement à l’écriture.
À cette époque, elle reçoit dans sa maison un cercle d’amis (Bloomsbury Group), dont Leonard Woolf qu’elle épousera, et Vita Sackville-West, avec laquelle elle entame une liaison qui durera tout au long des années 1920. Après la fin de leur liaison, les deux femmes resteront amies. Cependant, Virginia et Léonard ont des liens très forts et fondent ensemble la maison d’édition Hogarth Press en 1917 qui publiera K. Mansfield et une bonne partie de l’œuvre de T. S. Eliot. Elle commence à militer pour le droit de vote des femmes et participera toute sa vie à la cause féministe (Une chambre à soi, 1929). En 1922 paraît La Chambre de Jacob, texte novateur qui tente de s’éloigner des canons de la narration (influence de Proust et de Joyce).
Son style est constitué de voix intérieures, de rythmes poétiques, d’envolées lyriques. Elle se révèlera comme une des grandes voix sensibles de la littérature avec ses deux romans suivants, Mrs. Dalloway et La promenade au phare, publiés respectivement en 1925 et en 1927. Son roman Les vagues lui donne une reconnaissance auprès du grand public. Également critique, elle dissèque les œuvres de Wells ou de Galsworthy. Régulièrement en proie à de graves crises dépressives, elle se sent devenir folle.
Elle poste son dernier manuscrit Entre les actes puis dépose, le 28 mars 1941, une lettre sur le bureau de son mari où elle annonce son suicide (elle se jettera dans la rivière Ouse près de sa maison dans le Sussex). Elle lui écrit : « J’ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m’en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. Tu m’as donné le plus grand bonheur possible… Je ne peux plus lutter, je sais que je gâche ta vie, que sans moi tu pourrais travailler.»
Sources : http://www.babelio.com
Mrs Dalloway de Virginia Woolf
Titre original : Mrs Dalloway
Traductrice : Marie-Claire Pasquier
Éditions Gallimard
Publication : février 2020
Nombre de pages : 239
Coût : 6,30€
EAN : 9782072884818
Catégories :Auteur anglais Littérature anglaise Rentrée littéraire 2020 Roman
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