
Après-guerre, l’industrie cinématographique est en plein essor aux Etats-Unis. En 1947, Billie Dixon travaille pour une société de cinéma basée à Hollywood. C’est une jeune femme libre aimant les femmes et préférant prendre la vie comme elle vient, sans se poser trop de questions. Elle démarche les salles des petites villes pour vendre des films de série B et doit se rendre dans la région montagneuse des Ozarks à Kansas City.
Le propriétaire du grand écran local, Claude Jeter souhaite investir dans des films récents pour attirer la clientèle mais il est en conflit avec le pasteur Obadiah Henshaw qui défini ces lieux comme étant le repère du diable. Il le fait savoir haut et fort. C’est un conflit ouvert !
EXTRAIT
– Je ne parle pas des paysages. Plus on s’enfonce dans les Ozarks, plus les gens deviennent bizarres. Tant que vous resterez dans les Ozarks côté Missouri, ça ira, mais une fois que vous passerez la frontière de l’Arkansas, faites attention à vous. Il ne sont pas convenables, là-bas.
– Allez… Les Ozarks d’un Etat ou de l’autre, c’est pareil, non ?
Il me regarda comme si j’avais craché sur le drapeau de l’Etat du Missouri.
– Ces péquenauds de l’Arkansas, ils sont méchants comme des teignes. J’ai un de mes oncles qui est allé là-bas en 1913. J’ai pas de nouvelles de lui depuis.
Billie le rencontre cet homme d’église avec diplomatie et tente de le persuader de ne pas s’interposer à ce divertissement qui est loin d’être répréhensible. Lors de leur entretien, elle sera confrontée à la cécité mentale et physique du pasteur, ancien combattant et définitivement entêté. Elle se rendra vite compte qu’il n’est pas facile de le faire changer d’avis. En repartant, elle croisera Amberly, son épouse qui, discrètement, lui demandera de revenir la voir le lendemain lorsque son mari sera absent… Billie succombera t-elle aux charmes de la femme du pasteur dans une petite ville où tout se sait en quelques minutes ?
EXTRAIT
Quelques rais de lumière perçaient les volets et tombaient sur le sol. Ils hachuraient mes jambes tandis que j’avançais.
Je me dirigeai vers la porte menant au presbytère au fond de l’église, mais lorsque j’arrivai à l’autel, j’entendis le gémissement du plancher sur ma gauche.
Je me tournai et les ténèbres me percutèrent en plein tête. Je partis en arrière et trébuchai. Je heurtai le sol et vis des points rouges s’allumer sur un fond noir.

Ma note : 3/5
Ce que j’en pense…
J’avais beaucoup aimé Au nom du bien du même auteur, mais Sans lendemain ne m’a pas accrochée de la même manière malgré l’effet d’un pasteur irascible qui rend la vie difficile à Billie où peut-être le contraire. De toute façon, Jake Hinkson demande souvent à ses protagonistes de faire des choix compliqués au sein d’enchaînements irréversibles !
Une très belle couverture pour ce roman noir, cette histoire de meurtre sur fond de passion amoureuse qui ne fait pas sourire… Le lecteur identifiera le fanatisme religieux, le conformisme américain des années d’après guerre, la difficulté pour les femmes d’avoir leur propre indépendance et remarquera le clin d’œil appuyé sur le fonctionnement des entreprises cinématographiques de l’époque.
J’ai adhéré au trois-quart de l’histoire mais j’ai trouvé la fin trop rapide par rapport au développement de l’intrigue malgré tous les rebondissements.
L’auteur…

Jake Hinkson est né en 1975 en Arkansas. Parents très impliqués dans une église Évangéliste, il est élevé, à partir de ses 14 ans, au sein d’une communauté religieuse gérée par ses oncles et tantes d’une région isolée des Monts Ozarks.
Adolescent, il découvre le roman policier à l’université. Il lit avec passion William Faulkner et Emily Dickinson. Il épouse la fille d’un pasteur pentecôtiste puis perd la foi et reprend des études. Il s’inscrira à des cours d’écriture tout en travaillant dans une librairie de Little Rock, puis il enseignera à l’Université du Maryland, à Trinity Washington University, et à Monmouth University dans le New Jersey.
Aujourd’hui, il vit à Chicago. Il amorce sa carrière en littérature par la publication du roman policier L’Enfer de Church Street (titre original : Hell on Church Street en 2011). Ce roman sera traduit en France aux Éditions Gallmeister en 2015 et lui vaudra le Prix Mystère de la Critique en 2016.
En 2015, il fait paraître The Blind Alley : Exploring Film Noir’s Forgotten Corners, un essai très fouillé sur le film noir. La même année, il publie son quatrième roman Sans lendemain (titre original : No Tomorrow) qui se voit récompensé en 2018 du Grand Prix de Littérature policière.
Sources : http://www.fichesauteurs.canalblog.com
Sans lendemain de Jake Hinkson
Titre original : No tomorrow
Traductrice : Sophie Aslanides (anglais USA)
Editions Gallmeister
Publication : janvier 2019
Nombre de pages : 224
Coût :8,40 €
ISBN 978-2-35178-699-4
Grand prix de littérature policière 2018
Catégories :Auteur Américain Littérature américaine Polar/Thriller Rentrée littéraire 2019 Roman Roman noir
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