
Un portait acide, cynique de l’Amérique que nous dresse Tom Mcallister. L’auteur, comme son nom l’indique est un homme. Dans son livre, il endosse le costume d’une femme professeure d’anglais, Anna Crawford, enseignante dans une bourgade de Pennsylvanie, Seldom Falls, qui fut baptisée «l’ex petite ville la plus sympa d’Amérique».
EXTRAIT
Le téléphone posé sur son bureau se met à sonner et elle pivote pour répondre, lui tournant ainsi le dos.
Quand elle le verra plus tard aux infos, elle ne saura même pas qu’elle a été si près de lui, qu’elle aurait pu sauver tous ces gens si elle en avait seulement pris le temps.
Anna est licenciée du collège pour insubordination ou plutôt un désaccord qu’elle n’aurait pas dû verbaliser. Très peu de temps après, un étudiant provoque un massacre dans cette même école en tuant 19 personnes et en en blessant 45.
Immédiatement après ce dramatique événement, le FBI la suspecte, débarque hez elle, retourne son appartement. Elle a été virée donc elle avait de bonnes raisons de se venger. A-t-elle agit seule ou avec un complice ?
Malgré ses protestations, les médias s’emparent de l’affaire, scannent sa vie et elle se fait dévorer par un public avide de sensations. Même si elle est innocentée très rapidement, le mal est fait et il est trop tard pour rattraper les dégâts de la presse. Elle se retrouve dans ce monde de folie à l’américaine et n’arrive pas à retrouver sa vie d’avant.
EXTRAIT
Deux semaines avant l’anniversaire de la tuerie et l’inauguration du mémorial, les miliciens ont mis un terme à leur occupation. Ils ont fait une déclaration pour dire qu’ils avaient atteint leur but en attirant l’attention du pays sur leur cause. Ils ont juré de poursuivre leur lutte contre la tyrannie de l’Etat. Mais ils ont lu leur texte sans conviction. Ce n’était plus qu’un amas flétri d’hommes fatigués et déçus. Ils ont levé le camp. La plupart des révolutions ne prennent pas fin dans des effusions de sang ; elles prennent fin, c’est tout.

Ma note : 4/5
Ce que j’en pense…
Un premier roman pour Tom Macallister écrit dans une atmosphère stressante, surréaliste, machiste et paranoïaque ou comment un citoyen «lambda» peut vivre un véritable cauchemar sans rien faire. Beaucoup de chiffres sont cités dans ce roman et nous rappelle l’horreur de la violence par les armes à feu aux Etats-Unis.
Sans qu’il ne soit jamais mentionné, le NRA (National Rifle Association) qui défend le droit de posséder et porter des armes (2e amendement du Bill of Rights) est toujours dans le décor lorsqu’il s’agit de tueries de masse.
Nous suivrons la vie d’Anna pendant un an, à partir de ce carnage et jusqu’aux cérémonies organisées pour la date anniversaire.
L’entrée en scène du roman débute sur ce jeune homme qui prépare cette folie puis l’histoire bascule sur Anna qui va être mêlée à cette tragédie. Après ce drame, l’héroïne se sent perdue et conservera beaucoup de séquelles psychologiques. Elle connaissait la plupart des victimes. L’insécurité et la déprime font partie de sa vie maintenant. Elle ne travaille plus, n’a pas d’aides, ne sait pas quelle direction prendre.
A travers la voix d’Anna, l’auteur raconte la bêtise, la colère, le machisme, l’errance des victimes et les dérives sécuritaires. Il pointe aussi du doigt la course au sensationnel de la part de certains médias qui peuvent faire de gros dégâts. La vie des victimes et des survivants sera disséquée et la famille du meurtrier sera harcelée par les médias. Un roman, certes, mais qui frôle de documentaire tant il est actuel !
L’auteur…

Tom Mac Allister vit dans le New Jersey. Ce qui nous tue est son premier roman publié en France
Ce qui nous tue
Titre original : How to be safe
Auteur : Tom McAllister
Traductrice : Anne Le Bot
Editions du Cherche Midi
Parution : février 2020
Nombre de pages : 264
Coût : 21,00 €
EAN : 9782749162546
Catégories :Auteur Américain Fiction Littérature américaine Premier roman Rentrée littéraire 2020 Roman
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