
L’Italie des années 1920… Nous sommes dans le village de Gorgo al Monticano situé au nord-est de l’Italie. Les désaccords politiques entre les fascistes et les communistes deviennent insurmontables et obligeront certaines familles paysannes à fuir leur pays sous la pression du mouvement des «chemises noires». C’est le cas des Montefiore qui s’exilent en France dans le Lot et Garonne. Ils rachèteront des terres et les feront fructifier en essayant d’oublier leurs traumatismes ainsi que leur nationalité. On ne parle plus italien à la maison. La coupure de vie est extrême.
EXTRAIT
Vous voyez « figli miei », l’Italie était ce pays où l’on croyait, dans les villes ouvrières, que les filles de paysans étaient vêtues de soie, mieux que les demoiselles distinguées de la bourgeoisie. Et Mussolini n’avait pas encore assuré son pouvoir.
1983, le patriarche Nunzio décède et ses arrières petits-fils décident de faire un voyage dans la Péninsule afin d’y rencontrer les membres d’une famille inconnue et de retrouver les pièces manquantes d’un puzzle générationnel. Nunzio était un anti-mussolinien acharné et ne cessait de rappeler aux jeunes générations l’exil brutal qu’il avait subi. Il avait sa version. Ses descendants veulent connaître les autres membres de la famille italienne restés au pays. La tâche va être plus compliquée qu’il n’y paraît car des secrets sont jalousement gardés.
EXTRAIT
Il regarde son arrière grand-père. Il voit qu’il n’est plus de ce monde. Il est très vieux. Ce n’est pas sa faute. Il est passé par tant d’épreuves. La séparation d’avec Angélina, la mort de ses fils. La perte de toutes ses racines. Les « macaronis », les « ritals » lancés toute sa vie à la figure, les suspicions pour l’achat de la propriété des Laguérie. Pas un ami. Pas un voisin avec qui parler. Mais il lui a tant appris ! Il éprouve pour lui une véritable vénération.

Ma note : 4/5
Ce que j’en pense…
Les arrières petits-fils du patriarche sont extrêmement touchants et plein de délicatesse dans leur recherche d’identité. Ils essaient de rester neutres dans le parcours de leur arrière grand-père pour mieux connaître la vérité de l’Histoire. Passion, domination et trahison pour ce roman de transmission familiale. Un puzzle familial qui nous offre une partie de l’histoire italienne sous l’emprise de Mussolini.
Avec son écriture incisive, l’auteur nous fait entrevoir les violences fascistes dans le milieu rural dont la seule issue pour ces gens était l’exil. Un problème migratoire avec des racines différentes mais qui laisse toujours autant de séquelles. Des réponses seront apportées mais peut-être pas celles attendues…
L’auteur…

Né d’un père italien et d’une mère française, Jean Marc Benedetti est professeur agrégé de lettres.
Outre sa fonction de professeur dans le secondaire, il a longtemps été chargé de cours à l’université Bordeaux 3 Michel de Montaigne où il a enseigné la littérature française, particulièrement à de jeunes étudiants étrangers. Il a, par ailleurs, créé Les nuits blanches de l’écriture au lycée Reclus de Sainte Foy la Grande (Gironde) et animé des ateliers d’écriture auprès de lycéens et d’adultes. Dans le cadre de l’Association Marguerite Duras (à Duras/Lot et Garonne) il a été chargé de la conception et du montage de nombreuses expositions sur l’auteur d’Un barrage contre le Pacifique.
Jean Marc Benedetti se plaît à croire que les hommes aiment qu’on leur raconte des histoires. Les livres écrits et lus lui donnent à penser que c’est la vie qui copie l’écriture romanesque et non l’inverse. En effet, le plus souvent, l’insatisfaction de la vie réelle est comblée par les mensonges de la littérature, acceptés comme tels. Pour lui, la fiction permet d’agrandir nos lieux, nos territoires, notre mémoire intime ou celle de l’Histoire. C’est pourquoi le roman lui apparaît comme le lieu le plus vaste, le plus répétitif de la narration des passions humaines. Ses territoires, géographiquement repérables entre Bordeaux, le Lot-et-Garonne et l’Italie sont aussi tournés vers l’universel et s’inscrivent comme pour tout écrivain dans un espace intérieur obsessionnel seul capable de produire de la littérature.
L’amour, la passion, la recherche de l’inatteignable vérité comme expérience singulière constituent les thèmes récurrents de son travail d’écrivain. Ses livres parlent donc d’existences déréglées qui donnent une profondeur singulière aux êtres (Demain, je m’enfuis de l’enfer, Grasset, 2005), du déchirement des êtres (Les Équilibristes, Passiflore, 2017), de la violence historique (La fuite d’Italie, Passiflore, 2019). Aujourd’hui, il écrit sur la joie de vivre, les moments de bonheur, l’enchantement du monde à travers des textes courts qui formeront peut-être un jour un nouveau livre.
Son premier roman Demain, je m’enfuis de l’Enfer lui vaut le prix de La société des gens de lettres et une sélection pour le Prix Médicis. La fuite d’Italie est sélectionné pour le Prix Méditerranée 2020, dont le jury prestigieux est présidé par l’académicien Dominique Fernandez.
Sources : http://www.editions-passiflores
La fuite d’Italie
Auteur : Jean-Marc Benedetti
Editions Passiflore
Publication : août 2019
Nombre de pages : 168
EAN : 9782379460074
Coût : 18,00 €
Catégories :Auteur italien Littérature italienne Rentrée littéraire 2019 Roman inspiré de faits historiques
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