
Ruth Ellis est la dernière femme exécutée au Royaume-Uni en 1955. La peine de mort y fut abolie dix ans plus tard. L’auteur nous raconte une partie sa vie ainsi que celle d’Albert Pierrepoint qui exerce officiellement la profession de patron de pub et exécuteur en chef de peine capitale quand il le faut.
Londres, 1945. Albert a suivi la tradition familiale en exerçant cette fonction comme son père. En ces temps de guerre, il a été mandaté pour mener à bien l’exécution de deux cents criminels nazis. C’est important pour lui que les condamnés partent sans souffrir, avec humanité et respect. Il est consciencieux dans son travail mais envoyer des femmes dans l’au-delà est une tâche qui lui devient de plus en plus difficile.
Ruth est une belle jeune femme qui traîne derrière elle une enfance brutalisée. Son père l’a violée ainsi que sa sœur quand elles étaient jeunes. Plus tard, elle se prostitue, elle est battue jusqu’à perdre l’enfant qu’elle porte. Ensuite, elle tombe amoureuse d’un soldat canadien qui retournera dans son pays en la laissant seule et enceinte. Combative, elle fera tout pour s’en sortir. C’est une amoureuse passionnée qui ne demandait qu’à être aimée. Alors comment se fait-il qu’elle croisera la route d’Albert ?
EXTRAIT
Après avoir dansé toute la nuit avec Ruth, le Canadien l’avait conduite juste à l’aplomb de la boule à facettes qui tournait au plafond.
Là, devant tout le monde, il avait mis un genou à terre. Les danseurs s’étaient figés, l’orchestre s’était tu.
— Ruth Neilson, veux-tu m’épouser ?
Elle n’avait dit ni oui ni non, se contentant de sourire tandis que les danseurs immobiles l’applaudissaient à tout rompre et que l’orchestre entonnait les premières notes de la « Marche nuptiale » de Mendelssohn.

Ma note : 4/5
Ce que j’en pense…
Une histoire de vie de deux personnes, de deux destins : le bourreau et la victime. Ruth est un portrait de femme qui malgré les humiliations, les tromperies, la brutalité veut toujours y croire. A quoi ? A sa vie, à son avenir. Mais il arrive un moment où elle n’y arrive plus et elle passe de l’autre côté. Elle commet l’impensable.
Albert, dont la renommée a dépassé les frontières de la Grande-Bretagne, avait déjà envie d’arrêter cette fonction de bourreau. Il n’aimait pas exécuter les femmes. Avec l’exécution de Ruth, il restera rongé par les doutes jusqu’à la fin de sa vie.
Quelle existence dure et émouvante…une folie amoureuse, passionnelle. Ruth voulait juste être aimée. L’auteur ne la décrit pas comme une criminelle mais comme une âme sensible qui a cru à ce que pouvais lui apporter la vie. Mais celle-ci s’est détournée…
Un roman surprenant mais plein d’humanité et de sincérité pour un sujet tragique.
EXTRAIT
L’opinion publique, qui l’avait accablée à cause de son petit air hautain, de sa blondeur trop éblouissante et de sa toilette trop arrogante, fait aussitôt volte-face : accuser Ruth Ellis de n’avoir pas respecté le « dress code » d’un procès criminel est une chose ; mais laisser l’autorité judiciaire accrocher cette jeune femme au bout d’une corde pour la faire mourir, c’en est une autre – et cette autre chose est insupportable.
L’auteur…

Didier Decoin est un scénariste et écrivain français.
Il est le fils du cinéaste, écrivain, scénariste et réalisateur français ainsi que nageur et joueur de water-polo Henri Decoin (1890-1969).
Il débute sa carrière comme journaliste de presse écrite à France Soir, au Figaro et à VSD, et de radio sur Europe 1. En parallèle il se lance dans l’écriture.
Il a vingt ans lorsqu’il publie son premier livre, Le Procès à l’amour (1966). Celui-ci sera suivi d’une vingtaine de titres, dont John l’Enfer pour lequel, en 1977, il reçoit le prix Goncourt.
Tout en continuant son métier d’écrivain, il devient scénariste au cinéma puis à la télévision (adaptations et scripts pour la télévision comme les grands téléfilms Les Misérables, Le Comte de Monte-Cristo, Balzac ou Napoléon).
En 1995, il est devenu le Secrétaire de l’Académie Goncourt. En 2007, il est élu président de l’association écrivain de Marine. il est l’un des fondateurs de la Société civile des auteurs multimédia (SCAM).
En 2012, il est élu à l’unanimité président du Festival International des programmes audiovisuels (FIPA).
En janvier 2020, il est élu président de l’Académie Goncourt après la démission de Bernard Pivot
Marié, il est père de trois enfants dont l’écrivain Julien Decoin (1985).
La pendue de Londres
Auteur : Didier Decoin
Editions Grasset
Publication : mai 2013
Nombre de pages : 336
EAN : 9782246783916
Coût : 18,90 €
Catégories :Auteur français Littérature française Rentrée littéraire 2013 Roman inspiré d'une histoire vraie
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