Comme il est précisé sur la couverture du livre, cette histoire est un conte écrit pour ne pas oublier ces hommes, ces femmes, ces enfants entassés dans des trains de wagons à bestiaux en partance pour les camps de la mort.
EXTRAIT
Pauvre bûcheron se levait avant l’aube afin de donner tout son temps et toutes ses forces de travail à la construction de bâtiments militaires d’intérêt général et même caporal.
La pauvre bûcheronne, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il règne cette chaleur suffocante dont je vous ai déjà parlé, cette pauvre bûcheronne donc, arpentait son bois en tous sens, recueillant chaque brindille, chaque débris de bois mort, ramassé et rangé comme un trésor oublié et retrouvé. Elle relevait aussi les rares pièges que son bûcheron de mari posait le matin en se rendant à son labeur.
Une petite maison de bûcherons cachée dans une forêt enneigée va être le fil rouge de l’histoire, du conte, de l’inimaginable… Hiver 1943, la seconde guerre mondiale fait rage. Un couple juif est enfermé à Drancy. Tout récemment, ils sont devenus parents de deux jumeaux, un garçon et une fille. On les oblige à prendre un train. Ils ne sont pas seuls. Tellement de gens sont avec eux, serrés et entassés. Une promiscuité difficile à supporter. Personne ne connaît leur destination, ils ne savent pas où ils sont.
EXTRAIT
L’un de ses compagnons de voyage lui demanda s’il était roumain. Oui il était roumain. Le roumain lui dit que lui, avant, était roumain aussi et que maintenant il était apatride d’origine roumaine. Dans ce wagon, il y avait beaucoup d’apatrides d’origine roumaine. On les avait pris à Paris ou ailleurs en France.
À travers la lucarne à barreaux du train, le père voit une forêt enneigée et une femme qui marche. Soudainement, il réalise la destination finale de leur voyage. Sans réfléchir, il arrache un des jumeaux dormant dans les bras de sa mère sous les yeux horrifiés de celle-ci. Il l’enveloppe dans un châle aux fils d’argent et le jette dehors à travers les barreaux. Il a juste le temps de faire signe à l’inconnue d’aller chercher le petit paquet…
Ma note : 





Ce que j’en pense...
Un vrai coup de cœur pour cette façon douce de raconter une histoire si dramatique. Mes livres lus sur la seconde guerre mondiale m’instruisent et m’aident à comprendre le mécanisme de celle-ci. Je n’en avais encore jamais vu sous forme de conte. Histoire vraie ou pas ? Nous n’aurons jamais la réponse mais il s’est passé tant de choses !
Dans toute l’horreur et la tristesse que l’on peut ressentir à travers les pages, l’idée en elle-même est magnifique. Laissez-vous tenter par cette lecture terrible et précieuse à la fois mais pleine d’émotions.
L’auteur…
C’est comme comédien que Jean-Claude Grumberg aborde le théâtre. Il est mis en scène par Jacques Fabbri, Jean-Pierre Vincent, Maurice Bénichou…
Il devient écrivain en 1968 avec sa première pièce Demain, une fenêtre sur rue. S’ensuivent de nombreuses autres pièces et scénarios. Pour la caméra, il a notamment écrit (ou coécrit) Le dernier métro, Amen, Les années sandwiches…
Au théâtre, on lui doit, entres autres, Zone libre (Molière de l’auteur en 1991), L’atelier (Molière de la meilleur pièce du répertoire en 1999), Conversations avec mon père (Molière de l’adaptateur en 2002).
Il reçoit également plusieurs fois le prix SACD, celui du Syndicat de la critique, et même le César du meilleur scénario en 2003 pour Amen de Costa-Gavras.
Sources : ticketac.com
LA PLUS PRÉCIEUSE DES MARCHANDISES
Auteur : Jean-Claude Grumberg
Editions du Seuil
EAN : 9791036605093
Parution : janvier 2019
Nombre de pages : 128
Coût 12,00€
Catégories :Auteur français Coup de cœur Littérature française Rentrée littéraire 2019 Roman inspiré de faits réels Romans sur la seconde guerre mondiale
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