Une grande humanité se dégage dans ce roman qui nous rappelle que la vie quotidienne est truffée de situations où l’on aurait pu prendre le temps d’écouter et d’observer. Ce sont les petits pièges tissés en mode «toile d’araignée» que la vie nous réserve afin d’entretenir un savant sentiment de culpabilité…
Pax Monnier va en faire l’amère expérience. C’est un acteur sans succès réels qui travaille avec une société de formation utilisant le théâtre dans ses prestations. Un jour, il est convoqué par un réalisateur connu pour un éventuel petit rôle qui pourrait enfin faire décoller sa carrière. Au moment de sortir de son appartement pour aller à son rendez-vous, il entend un fort remue-ménage au-dessus de chez lui et ne veut pas y prêter attention. Lorsqu’il ferme sa porte, il voit un homme s’enfuir en courant dans les escaliers. Peu importe, il a autre chose à faire que de s’occuper des affaires des voisins !
EXTRAIT
Pétrifié face au miroir de la salle d’eau, Pax observe l’homme qu’il est devenu, un physique correct, un beau visage (un visage de vieux beau, lui a lancé Cassandre, un jour de mauvaise humeur) mais un corps plutôt fluet, il n’a jamais été sportif, n’a jamais pratiqué de sport de combat hormis deux ans plus tôt, le temps d’un tournage, pour incarner le bras droit d’un chef mafieux : rien qui permette de s’interposer avec confiance. Il y a même fort à parier que la peur ferait de lui la première victime — à cette seul pensée ses jambes mollissent et son pouls s’emballe.
Emi Shimizu est d’origine japonaise et travaille en tant que responsable QHSE (Qualité, Hygiène, Sécurité, Environnement) dans une société de déménagement. Divorcée et maman d’un jeune homme de dix-neuf ans, elle se trouve un peu déstabilisée par un accident survenu récemment au sein de l’entreprise. Une personne est décédée et deux autres blessées. Peu avant cette catastrophe, elle avait reçu un mail auquel elle avait prêté une attention distraite…
EXTRAIT
En repartant vers son bureau, Emi Shimizu aperçoit son reflet dans une vitre, ce chignon trop bas, cette mèche qui s’allonge, lèche le pourtour de sa nuque, s’enfouit dans le col raide de son chemisier. Elle s’arrête, interdite : chaque matin, elle effectue les mêmes gestes, dans un ordre identique, pour nouer ses longs cheveux et les piquer de fleurs. Chaque jour, elle se présente au bureau vêtue du même ensemble chemisier et tailleur, qu’elle possède en plusieurs exemplaires et dans plusieurs nuances de gris, du même manteau droit à col rond, de laine en hiver, de coton en été.
Ma note :
Ce que j’en pense…
J’avais déjà lu Par amour de la même autrice qui m’avait interpellé. Dans ce livre, Valérie Tong Cuong intervient cette fois-ci dans la sphère professionnelle et personnelle démontrant les interactions qui peuvent être provoquées à travers ces deux domaines.
Voila un roman court, efficace dans lequel aucun jugement n’est apporté. C’est une suite de circonstances pour lesquelles l’être humain n’accorde pas d’importance sur le moment. La culpabilité, le remord, la souffrance, l’inadaptation, le repli de soi, le manque d’empathie nous rappelle que la fragilité fait partie de nous.
Mais ce qui prône surtout dans l’histoire de Valérie Tong Cuong, c’est l’émotion, la fragilité des personnages cabossés par la vie. Ce qui est certain est que le roman de cette autrice est une valeur sûre !
L’autrice…
Valérie Tong Cuong est née en 1964. Elle a étudié la littérature et les sciences politiques, puis passé huit ans en entreprise avant de se consacrer à l’écriture et à la musique.
Elle est l’autrice de 11 romans dont le dernier Par amour (Editions Lattès – 2017) qui a été couronné par plusieurs prix. Ses livres sont traduits dans dix-neuf langues.
Sources : valerietongcuong.com
LES GUERRES INTÉRIEURES
Autrice : Valérie Tong Cuong
Editions J.C Lattès
EAN : 9782709661799
Nombre de pages : 238
Parution : août 2019
Coût : 19,00 €
Catégories :Auteur français Littérature française Rentrée littéraire 2019 Roman
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