2010 , Ilaria est professeure dans un lycée à Rome. Avec ses idées très engagées qu’elle essaie de mettre en adéquation dans sa vie, on la surnomme le «petit Robespierre». Un jour, sur son palier, elle découvre un jeune éthiopien qui dit être son neveu et le petit-fils de son père, Attilio Profetti.
Ilaria enquêtera sur ce père, âgé maintenant de quatre-vingt seize ans. Elle ira de surprises en surprises en découvrant un déroulement de vie paternelle tumultueux qui fera voler en éclats beaucoup de ses convictions. C’était une autre époque… celle de Mussolini.
EXTRAIT
Ilaria halète, elle sent qu’elle se noie. Depuis qu’elle a commencé à lire – il y a quelques minutes – elle a bien dû respirer plusieurs fois et pourtant, elle a l’impression de sortir d’une plongée en apnée.
Elle tourne les pages, cherche la date de publication : « An XVII E.F. – 1939 ». Elle lève les yeux. Elle les passe comme un pinceau sur le dos des autres lecteurs de la Bibliothèque Nationale, dont aucun n’est en train de lire l’écrit d’un père qui célèbre la suprématie blanche.
Attilio faisait partie des «chemises noires», les brigades fascistes. Il était jeune et ne connaissait que ça. En 1936 ces troupes ont été envoyées en Ethiopie dans le but de coloniser les populations. Mussolini en rêvait ! À travers les cachotteries d’Attilio, Francesca Melandri nous emmènera sur les routes du fascisme, de la corruption à tous les étages, d’une colonisation toujours violente ainsi que de la guerre fratricide entre l’Ethiopie et l’Erythrée sans oublier les scandales en tous genres de l’ère Berlusconi.
EXTRAIT
Se rendre compte qu’on ne connaît vraiment personne, pas même ceux qui nous ont donné la vie, est une pensée austère et solitaire. Mais pour moi, il est plus douloureux d’imaginer que mon père percevait peut-être en lui des couloirs où il ne parvenait même pas à entrer. Qui sait si la sénilité, la démence de l’extrême vieillesse n’est pas cela aussi : une façon de rendre tolérable la souffrance causée par son propre mystère.
Cette fresque familiale et historique étalée sur trois générations fait ressortir des événements et une mentalité que certains auraient préféré ne pas connaître !
Ma note coup de cœur
Ce que j’en pense…
De découvertes en découvertes, le puzzle se reconstituera. Pendant l’époque mussolinienne, Attilio bénéficiait d’une certaine aura due à ses atouts physiques comme sa beauté et son caractère doté d’une autorité naturelle. Le fascisme était fait aussi d’un machisme pur et dur. Cela lui a permis de trouver une place sociale confortable même s’il n’a pas cautionné tous les événements traversés. Arrivé au crépuscule de sa vie, il a tendance à avoir une mémoire sélective pour des raisons de tranquillité.
Fait d’allers-retours, ce roman est un scanner de l’Italie des années 1920 à celles de 2010. Le portrait d’un homme et d’un pays vont se mélanger dans ce livre très documenté. Une belle information sur l’ère coloniale et post-coloniale italienne saupoudré de petites «magouilles» dont certains dirigeants avaient le secret. Une grande place est faite aussi pour le problème migratoire italien existant depuis de nombreuses années sans que personne, au début, ne veuille le reconnaître. C’est une lecture qui interroge sans être sûr d’avoir toutes les réponses à la fin !
L’autrice…
Francesca Melandri est une écrivaine, scénariste et documentariste italienne.
Elle commence sa carrière comme scénariste notamment pour des films de Cristina Comencini, Lamberto Bava, et Maurizio Zaccaro mais principalement pour la télévision italienne en participant à l’écriture de diverses séries.
Elle est également l’auteure d’un documentaire, intitulé Vera (2010), sur le témoignage d’une Croate juive, survivante des camps d’extermination, qui a été présenté dans de nombreux festivals partout dans le monde.
En 2010, elle publie son premier roman, Eva dort (Eva dorme), qui la fait connaître sur la scène littéraire italienne. Plébiscité en Italie, il a obtenu plusieurs récompenses importantes, dont le prix du lecteur du magazine « Elle » et le Prix Littératures Européennes Cognac – Prix des Lecteurs 2013.
Elle obtient le prix Rapallo-Carige ainsi que le prix Stresa en 2012 pour son deuxième roman, Plus haut que la mer (Più alto del mare), également retenu dans la sélection finale du prix Campiello.
Tous, sauf moi (Sangue giusto, 2017) est son troisième roman.
Source : babelio.com
TOUS, SAUF MOI Titre français |
SANGUE GIUSTO
Titre original |
Autrice : Francesca Melandri Editions Gallimard |
Traductrice : Danièle Valin |
Nombre de pages : 576 ISBN : 207278171X |
Publication : mars 2019 Coût : 24,00 € |
Catégories :Auteur italien Coup de cœur Littérature italienne Rentrée littéraire 2019 Roman inspiré de faits historiques
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