Tristesse, malheur, compassion et beauté des sentiments se battent en duel dans ce premier livre d’Emily Ruskovich. Faire passer une ambiance aussi lourde à travers les mots n’est pas une tâche aisée. La vie est si fragile…

Wade et Jenny vivent en montagne dans une maison en pleine nature. Ils ont eu une première fille May, puis June. Un jour, lors d’une promenade, Jenny est prise d’un raptus et tue May. June, terrorisée, s’enfuit. Beaucoup de questions restent en suspens.

Jenny sera incarcérée et Wade demandera le divorce. Ensuite, il rencontrera Ann, professeure de piano. Quelques années plus tard, celle-ci s’apercevra qu’il perd la mémoire.

EXTRAIT

Lorsque Ann est venue vivre ici, à la montagne, il y avait des chevaux, pas des chèvres, des appaloosas qui étaient devenus méchants parce que cela faisait un an que Jenny et June ne les montaient plus, au point qu’Ann avait peur de les approcher, ne serait-ce que pour enlever la bardane accrochée à leur crinière toit emmêlée. C’est dans la plus petite des granges, celle qui était près de la maison, que Jenny avait stocké le foin, empilé jusqu’au plafond. Peu après l’arrivée d’Ann, ils ont vendu les chevaux et tout le foin, hormis quelques bottes.

Atteint d’une maladie génétique, sa mémoire s’effacera comme celle de son père. C’est une démence précoce contre laquelle il est impossible de lutter, celle qui transforme les gens…

EXTRAIT

Elle entend Wade s’approcher d’elle. Toujours à genoux, elle lance un regard par-dessus son épaule et découvre horrifiée que lui aussi est soulagé par la chute de ces lames, qu’il espérait une telle distraction. Maintenant il y a quelque chose de physique, quelque chose qu’il a entendu et qu’il peut voir. Une bêtise qu’elle a faite. Avant qu’elle ait le temps de réfléchir ou de l’arrêter, il la saisit par les épaules. Il lui pousse la tête par terre et lui maintient le visage sur les lames.

Ann fait une fixation sur ce drame passé. Elle voudrait comprendre et ne veut pas que Wade perde le souvenir de ses enfants malgré la maladie qui le frappe. Elle va afficher des portraits de June telle qu’elle aurait été bien des années plus tard.

Un roman doux et désespéré !

Ma note : 

Ce que j’en pense…

La seconde épouse de Wade, Ann, est un personnage attachant et plein d’empathie. Elle tiendra le rôle principal du roman en embrassant le malheur et la maladie de son mari. Parfois, elle y mélangera aussi son propre passé. L’autrice fait un portrait de tous les acteurs de cette histoire avec leurs forces et faiblesses. Elle dévoilera aux lecteurs les tenants et les aboutissants des conséquences de ces drames.

Une tragédie qui influera sur la vie de tous. La démence, la mémoire, la difficulté de vivre, les mécanismes du souvenir, l’enfance… sont des thèmes que l’autrice a intégré de façon surprenante avec une certaine poésie et une description détaillée de la nature dans son roman. Les éléments qui me gênent dans cette histoire sont ceux du passé d’Ann qui, pour certains, sont différents de ce qu’elle vit avec Wade. Je ne trouve pas le « mélange » homogène et la fin m’a parue abrupte. Quoiqu’il en soit, c’est une sacrée plume pour un premier roman !

L’autrice…

Emily Ruskovich a grandi au nord de l’Idaho. Elle est la lauréate du prix O. Henry de 2015. Diplômée de l’Iowa Writer’s Workshop, elle enseigne l’écriture créative à l’université du Colorado à Denver. Idaho est son premier roman.

Sources : Editions Gallmeister

Catégories :Auteur Américain Littérature américaine Premier roman Rentrée littéraire 2017 Roman psychologique

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