Je m’appelle Rosa Sauer. Je suis berlinoise mais je vis chez mes beaux-parents dans une petite ville de Prusse Orientale (actuellement la Pologne) à Parcz, non loin du quartier général d’Hitler. Mon mari, Grégor, est parti au front.
Hitler avait une peur panique de se faire empoisonner. C’est pourquoi, en 1943, il a recruté une dizaine de femmes pour goûter les plats végétariens qu’on lui servait. Il est évident qu’aucune de nous n’a pu refuser cet « emploi ».
Nous sommes payées trois cents marks pour cela. Les SS sont venus nous chercher et nous ont emmenées à la caserne Krausendorf, le repaire d’Hitler. Nous avons le droit de rentrer dans nos familles uniquement le week-end.
EXTRAIT
Dans le réfectoire de Krausendorf, les plinthes couraient intactes. Grégor n’était pas là, et je me retrouvais seule. Les bottes des SS dictaient le rythme du repas, scandaient le compte à rebours de notre mort possible. Quel délice, ces asperges, mais un poison est-il amer ? Je déglutissais et mon cœur cessait de battre.
Un sentiment de culpabilité m’envahissait car à part l’éventuel poison, nous étions bien nourries avec des plats élaborés alors que dehors, nos familles n’étaient pas logées à la même enseigne. Tout se brouillait dans ma tête.
Pendant les repas, nous sommes surveillées par des gardes. Ils attendent une heure pour voir si un quelconque poison ne fait pas effet sur nos corps. Nous devions être prêtes à mourir pour le Führer. Pendant la semaine où nous dormions dans cette cité bunker, les gardes SS n’étaient pas toujours bienveillants… Je resterai deux ans à ce poste.
En juillet 1944, un attentat eut lieu. Tout le monde pensait qu’Hitler était mort. Espoir déçu ! Toutes les goûteuses furent enfermées avec interdiction de sortir après cet événement.
En 1945, l’armée rouge est arrivée. Le lieutenant SS, Albert Ziegler, avec qui j’avais noué une relation sentimentale un peu étrange m’a cachée dans le train de Goebbels à destination de Berlin. Je lui dois la vie. Toutes les autres femmes qui étaient avec moi ont été abattues par les russes. Mais mon calvaire n’était malheureusement pas terminé…
EXTRAIT
Le lendemain après-midi, sur le seuil de la maison, Herta me serra fort dans ses bras, tandis que Joseph s’approchait timidement, posait ses mains sur nos épaules, nous entourait toutes les deux de ses bras.
Puis notre étreinte se desserra et mes beaux-parents me regardèrent disparaître pour la dernière fois après le virage de Gross-Partsch, à pied.
On était fin novembre et je partais pour Berlin par le train de Goebbels. Goebbels n’était pas là et Albert Ziegler ne viendrait pas.
Ma note : 3/5
Ce que j’en pense…
D’origine calabraise, Rosella Postorino a écrit ce roman après le décès de la véritable protagoniste, Margot Woelk. Elle a donc, en grande partie, imaginer ce qu’elle aurait fait à la place de l’héroïne.
L’ambiance lourde de la caserne d’Hitler est bien rendue car en lisant les lignes, nous pouvons parfaitement imaginer la terreur de ces femmes avec tous ces SS autour d’elles en plus d’un éventuel poison glissé dans la nourriture.
Nous entrons dans l’intimité alimentaire d’Hitler. Très intéressant lorsque l’on veut approfondir ses connaissances du personnage !
La relation d’amour avec le lieutenant SS qui avait l’air d’être le pire de tous et qui va attendre « sa belle » sous la fenêtre me laisse un peu dubitative… Admettons ! L’amour peut changer beaucoup de choses. Peut-être que Rosa ne supportait plus d’être considérée comme un tube digestif ! J’avoue que j’ai un peu décroché à ce moment là.
Quoiqu’il en soit, ce livre nous montre une fois de plus que dans une situation extrême, l’instinct de survie est le plus fort. Il faut s’adapter et composer avec la complexité des sentiments.
Toutes les bonnes raisons pour lire ce roman
⭐️⭐️⭐️ Même romancé, cela reste un témoignage de la seconde guerre mondiale
⭐️⭐️⭐️ Rosella Postorino est une jeune romancière en devenir
⭐️⭐️⭐️ A notre époque, des hommes célèbres ont encore leur goûteur… métier à remettre au goût du jour ?!
La goûteuse d’Hitler de Rosella Postorino
Titre original : Le assaggiatrici
Traducteur : Dominique Vittoz
Editions Albin Michel
Publication : janvier 2019
Nombre de pages : 384
ISBN : 2226401857
Catégories :Auteur italien Littérature italienne Rentrée littéraire 2019 Roman inspiré de faits réels Romans sur la seconde guerre mondiale
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