Armando Mancuso fut soldat en 1896. Il participa à la guerre d’Adoua en Ethiopie. Une défaite cuisante pour les italiens. La tête pleine d’orgueil, il n’avait jamais accepté la défaite de son pays. Eux, faisait partie d’une race supérieure, les indigènes étaient forcément des inférieurs.
Inférieure, c’est ce qu’il pensait de sa femme, Maddalena, originaire d’une campagne reculée, brave mais illettrée. Inférieur, c’est ce qu’il pensait aussi du fils qu’elle lui avait donné, Attalo. Le père pensait qu’il fallait absolument soustraire le fils au bras de l’influence néfaste de Maddalena, simplement parce qu’elle était sa mère. Aucune douceur, aucune tendresse !
Le père meurt, Attalo n’a plus de figure paternelle à laquelle se référer. Il déteste la soumission, la mollesse et la pauvreté de sa mère. Il la rejette et il part. Il travaillera pendant un temps comme journaliste. Il vit, dort et mange imprégné de cette ère mussolinienne au moment où le Duce rêvait d’asseoir sa puissance coloniale. Benito Mussolini est jaloux des territoires que possèdent la France et l’Angleterre. Lui aussi veut être un pays colonisateur.
En 1934, l’Italie déclare la guerre à l’Abyssinie. Attalo Mancuso, digne fils de son père, s’engagera dans l’armée, fier de ce qu’il est, fier de ce qu’il pense être la supériorité nationale. Il se rendra vite compte que l’expérience africaine n’est pas si simple. Certaines choses le dérouteront mais loin de le faire savoir, il s’enfoncera sur un terrain peu glorieux. Après tout, certaines horreurs sont tolérables en temps de guerre !
EXTRAIT
Le fin mouchoir qu’il appliquait sur le goulot de sa gourde, afin de filtrer l’eau sale dont il devait s’abreuver, n’était d’aucune efficacité. Aussi, au cœur des ténèbres étoilées dont Conrad l’avait tant fait rêver, Mancuso restait-il éveillé, torturé par les spasmes d’une irrépressible chiasse qui l’obligeait à cavaler, toujours plus loin du campement ; à se mêler aux cris lugubres des hyènes et des chacals, dans une piètre tentative de sauver ce qui lui restait de panache colonial.
Ma note : 4/5
Ce que j’en pense…
Evolution de la personnalité d’un homme qui frise un certain fanatisme au cours de ce roman. Cet apprenti héros voulait être grand et respecté. Peut-être n’a t-il pas pris le bon chemin à cause des malchances de son enfance… mais le manque d’amour et la frustration étaient déjà bien ancrés.
Attalo, ce héros qui pensait être sorti du ventre du modèle fasciste italien de l’époque… Pétri d’une confiance en lui hors normes, les doutes surgiront péniblement dans son esprit à la fin de la guerre.
Une fois le conflit terminé, il rentrera dans son pays et reprendra sa carrière de journaliste. Ses incertitudes seront toujours présentes et il en fera part dans ses articles de presse. Le régime en cours n’étant pas très tolérant, il se retrouvera petit à petit isolé par sa hiérarchie. Se détacher du culte de Mussolini est assurément une mise à l’écart !
L’autrice nous parle d’une vie où la femme était juste une chose passive, inerte, un ventre pour porter les futures générations. Pour les hommes italiens, deux catégories de femmes existaient : la mère et les femmes de plaisirs. Mais bien sûr, pas de respect ni pour l’une, ni pour l’autre.
EXTRAIT
Grand-père promettait aussi un pays de superbes mamelles ; une terre de vierges, disponibles et offertes, où redécouvrir leur virilité primitive. Un paradis des sens, loin du carcan sexuel de ce pays d’églises qui les avait bridés, où la nudité se cachait même dans les musées.
Un premier roman de Laura Ulonati qui vous agrippe tant les rêves de grandeur de cette Italie fasciste tragique et cynique sont bien loin du O sole mio de la Péninsule !
Une histoire italienne de Laura Ulonati
Editions Gallimard
Publication : mai 2019
ISBN : 978-2-07-283975-7
Catégories :Auteur italien Littérature italienne Premier roman Rentrée littéraire 2019 Romans sur la seconde guerre mondiale
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