Journaliste, Sacha parcourt le monde pour un grand quotidien. Elle a déjà effectué des missions au Moyen-Orient, en Europe de l’Est… Actuellement, elle se trouve en Afrique du Sud avec Benjamin, photographe. Tous deux doivent effectuer un reportage sur le renouveau démocratique consécutif à la fin de l’apartheid du pays. Au hasard de leurs investigations, ils s’aperçoivent qu’un trafic de machettes prend forme très sournoisement avec le Rwanda. Elle est sûre que quelque chose d’important et d’explosif est en train de se tramer.
EXTRAIT
La journaliste grimpa les escaliers qui contournaient la cage des ascenseurs, accéda à son étage. Elle fouilla dans la poche de son jean et en tira la clé. Au moment de l’insérer dans la serrure, elle aperçut un mince filet de lumière entre le battant et le montant de la porte. Elle retint son geste : sa chambre était ouverte. Elle était pourtant convaincue de l’avoir verrouillée en sortant.
Sans prévenir leur agence de presse, Sacha et Benjamin s’envolent pour Kigali, capitale du Rwanda, appelé pays des mille collines. Nous sommes en 1994 et Sacha souhaiterait interviewer le leader du FPR (Front patriotique rwandais), Paul Kagame, aujourd’hui président du Rwanda. Elle a rencontré Daniel, médecin particulier de celui-ci, qui peut les aider pour cette entrevue. Mais ce docteur cherche à tout prix à rejoindre la capitale pour retrouver sa femme Rose et sont fils Joseph.
EXTRAIT
Ils s’engouffrèrent tous les trois dans la voiture. Ils prirent la route vers le nord. L’urgence était de quitter la ville. Identifié au FPR, comme proche de Kagame de surcroît, Daniel n’y était pas en sécurité. Ils feraient une première halte à Ruhengeri puis emprunteraient la route en direction des Virunga.
Rose vit à Kigali avec sa famille. Ce sont des Tutsis et ils travaillent tous pour l’ambassade de France. Sa mère est la cuisinière de l’ambassadeur et elle cultive la vanille dans son jardin. Rose est muette et elle écrit beaucoup. Un jour, elle rencontre Daniel lors d’une réception à l’ambassade et ils tombent tous les deux en amour. Ils se marient et de cette union naît un petit garçon, Joseph.
Les chemins de Sacha, Benjamin, Rose, Daniel et Joseph vont se croiser en ce printemps 1994 où le pays des mille collines va s’embraser. Une des radios du pays exhortait les «vrais rwandais», les Hutu, à massacrer les Tutsi. Les voisins, les amis se transformaient en bourreaux. Le personnel de l’ambassade s’enfuit abandonnant les civils rwandais qui ont travaillé pendant des années pour eux.
Daniel est souvent en déplacement et Rose lui écrit des lettres pour lui expliquer les progrès de Joseph et ensuite ce seront des lettres décriront les horreurs qu’elle voit et qu’ils subissent. Elle écrit, écrit encore et encore, espérant que son mari revienne à Kigali pour les sauver.
EXTRAIT
En me touchant de sa main, il a frotté sa machette contre mon ventre, et j’ai fait « non » parce que je voulais, un jour, te donner un deuxième enfant.
Il a avancé sa machette entre mes cuisses, et j’ai fait « non » parce que je t’ai imaginé, un jour, passant ta paume contre elles.
Il a posé sa machette. Le mal m’a foudroyée. Les deux autres l’ont regardé faire. Il m’a jetée à terre. Il m’a attrapée comme on saisit une branche. Il m’a brisée comme on tord un roseau ou de la tôle.
Ma note : 5/5
Ce que j’en pense…
Le 6 avril 1994 marque le début du génocide rwandais. A l’origine, les mots « Tutsi » et « Hutu » servaient à désigner des catégories socio-économiques mais ils appartenaient à la même entité culturelle. Ensuite ils se sont noyés dans un bain de sang.
Primo-romancier, Yoan Smadja nous offre un livre bouleversant et nous emmène dans une course contre le temps, une course pour ne pas mourir sous les balles ou les coups de machette.
Rose écrit des lettres à son mari et Sacha a arrêté d’écrire…
C’est à travers le regard de ces deux femmes extraordinaires que l’on s’étonne du rôle joué par la communauté internationale et la France à ce moment là ?
J’ai fermé ce livre complètement bouleversée.
EXTRAIT
C’est en avril 1994 que j’ai demandé à Dieu de divorcer.
J’ai cru qu’ils enlevaient toute trace de toi de Yoan Smadja – Editions Belfond – Publication : avril 2019 – Nombre de pages : 283 – Image de couverture : Emanuele Pavarotti – ISBN : 978-2-7144-8100-9
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