La route, les espaces et les trains sont le terrain de jeu de Jack London, un épris de liberté qui connait tous les trucs, les astuces et les mensonges dans ce monde de la débrouille. La routine est quotidienne. Il faut mendier sa nourriture, faire face au froid, au vent et trouver un endroit pour dormir.
EXTRAIT
Dans les ténèbres, impossible de distinguer la balustrade de fer de la plate-forme et je n’ai pas le temps d’en chercher l’endroit. Je lance les mains où je juge qu’elle peut être et en même temps mes pieds quittent terre, tout cela d’un seul mouvement. Je risque à cet instant de me retrouver sur le ballast, avec les côtes, la tête ou un membre fracassés. Mais mes doigts agrippent la rampe : d’une saccade des bras je fais pivoter mon corps et mes pieds se plaquent violemment sur la marche. Je m’assieds, envahi d’un flot d’orgueil. De toute ma vie de vagabond, c’est là le meilleur saut que j’aie réussi.
Témoignage biographique intéressant et aventure ferroviaire assumée à travers les Etats-Unis que l’écrivain nous livre dans son livre La route. Il veut « brûler le dur », et en redemande malgré les difficultés. Cette expression consiste à voyager en train sans en acquitter le billet. Ses compagnons d’aventure seront tour à tour des « tramps » (le voyageur fauché et qui a le goût du risque), des « bums » (ne voyagent jamais sans leur gnôle) et des « hobos » (voyagent pour trouver du travail). Ils sont les « laissé-pour-compte » de la crise économique qui secoue les Etats-Unis dans les années 1893-94 causée par le krach financier marqué par l’effondrement du financement des sociétés de chemin de fer. Le pays subit un taux de chômage de plus de 10% ainsi qu’un nombre de faillites désastreux.
Jack a juste dix-huit ans, il n’y a pas de romantisme dans le chemin qu’il a entrepris mais c’est un bagarreur. L’apprentissage d’une vie d’un « sans domicile fixe » qui doit absolument attraper un train pour ne pas aller en prison ne lui fait pas peur. Pas de vagabondage dans les villes, trente jours de prison était la note à payer s’il se faisait prendre par la police.
Ma note : 4/5
Ce que j’en pense…
Jack London est un auteur qui écrit après avoir vécu. Il nous fait une chronique sociale des scènes de vie très enrichissantes et détaillées dont il est protagoniste et spectateur. Les trains l’emmèneront à travers les Etats-Unis et le Canada. La route est un des premiers livres à traiter des différentes raisons de l’errance.
Sans le savoir, ce fut un sociologue en avance sur son temps. Il a connu la pauvreté, le vagabondage, les bancs de l’université, sera un socialiste engagé et deviendra un des premiers américains à faire fortune dans la littérature.
Hymne aux bourlingueurs, La route, pour l’homme aux mille et une vies, fut courte car il s’est éteint à l’âge de quarante et un ans.
Belle découverte qui me donne envie de lire d’autres œuvres de l’auteur !
La route de Jack London – Traduction : Louis Postif (anglais des Etats-Unis) – Editions Libretto – Publication : janvier 2018 ISBN : 978-2-8594-0701-8
Catégories :Auteur Américain Littérature américaine Roman autobiographique
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