Ce livre débute par la banale description d’une maison dans un lotissement ordinaire. L’univers d’une petite fille de dix ans qui nous énumère le nombre de chambres mais surtout la pièce favorite de son père, chasseur, où sont entassés des animaux empaillés, des cerfs, des sangliers, des zèbres et un lion qui garde ses crocs plantés dans le cou d’une gazelle. Quoi de plus effrayant pour cette fillette !
Dans cette ambiance familiale particulière, la peur ruissèle à grosses gouttes sur les murs, le silence n’est même pas un gage de tranquillité. La figure paternelle n’est qu’une espèce de brute qui boit trop de whisky, devient violent avec son entourage mais pleure lorsqu’il écoute Claude François. Cherchez l’erreur ! Sa mère, écrasée par une violence et une humiliation journalière préfère passer du temps avec les quelques chèvres qu’elle élève dans son jardin. Sa démission envers ses enfants est avérée.
La grande sœur et son jeune frère de six ans, Gilles, essaient de tuer l’ennui. Ils jouent à regarder les chats qui passent dans le lotissement ou s’amusent à se cacher entre les voitures de la casse d’à côté. Le seul bon moment de la journée est lorsqu’ils entendent la Valse de Fleurs de Tchaïkovski qui annonce l’arrivée du marchand de glace. Un jour, ce vendeur de douceur est victime d’un accident tragique. Gilles et sa sœur en sont les témoins. Choqué, le garçonnet ne sourira plus jamais.
A partir de cet événement, cette «grande sœur/maman» se fera la promesse de redonner la joie à son petit frère. Cette quête durera cinq ans et ne sera pas sans difficultés. Des années où nous découvrirons la transformation d’une petite fille en adolescente intelligente. La spirale infernale de violence dans laquelle se trouve son père ne fera que s’accélérer sans espoir de retour en arrière.
Seuls les plus jeunes auront le courage de prendre une décision lorsque le point de non-retour sera atteint.
Ma note : 4/5
Critiques
Certains milieux familiaux sont hostiles aux enfants. C’est ce qu’Adeline Dieudonné a voulu nous faire comprendre dans son roman, La vraie vie. Les enfants sont obligés de se construire tous seuls, de se protéger les uns les autres.
Le cœur du sujet me rappelle le livre de Gabriel Tallent, My Absolute Darling. Il s’agit de manipulations et de violences de la part d’un père qui n’est que trop présent alors que la figure maternelle est absente ou si effacée…
J’ai eu quelques difficultés à être en phase avec l’autrice dans la première partie du roman car la réalité débordait dans un univers macabre et irréel. Par la suite, j’ai compris qu’il fallait passer par ce chemin pour comprendre la mutation d’une fillette en une guerrière qui sauvera ceux qu’elle aime. La vraie vie est un premier roman qui vous fera mal tant l’enfance y est bafouée.
La vraie vie d’Adeline Dieudonné – Edition : L’Iconoclaste – Parution : Août 2018 – Nombre de pages : 266 – ISBN : 978-2-37880-023-9
Catégories :Auteur Belge Fiction Littérature belge Premier roman
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