Dans ce récit, Robert Badinter, rend hommage à sa grand-mère maternelle, Idiss. Originaire de Bessarabie (aujourd’hui la Moldavie), elle tient sa famille à bout de bras lorsque son mari, Schulim, est appelé sous les drapeaux. Pendant cette absence, elle vit chez ses beaux-parents. Ne voulant pas être à leur charge, elle exerce, entre autres, le métier de contrebandière en faisant du trafic de tabac avec la Roumanie.
Schulim donnera cinq ans à l’armée. Lors de son retour, Idiss s’aperçoit que son mari est devenu un joueur acharné et que l’argent lui file entre ses doigts. Ils seront obligés de vendre leur maison pour rembourser les dettes de ce dernier. Ils ne possèdent plus rien. Entretemps, la montée de l’antisémitisme se fait grandissante et commençe à être dangereuse. Entre les dettes et cette menace, ils feront le choix de fuir vers Paris pour échapper aux pogroms et rejoindre leurs deux fils aînés, Avroum et Naftoul, partis précédemment.
Tous réunis et grâce à un travail acharné sur plusieurs années, ils feront prospérer leur commerce de fourrure. Leur fille, Chifra, renommée Charlotte, poursuivra des études et obtiendra un diplôme. Idiss en sera très fière, c’est un symbole d’intégration parfait pour elle. Tous les éléments sont mis en place pour vivre une vie normale.
EXTRAIT
Comme il paraissait loin le temps de l’arrivée à la gare de l’Est et du négoce des vêtements usagés ! Le courant des voyageurs de passage, des Yids qui se rendaient en Amérique en traversant l’Europe, n’étaient pas tari. Ils s’arrêtaient dans les métropoles qui comptaient un quartier juif, où ils se retrouvaient chez eux avec les mêmes odeurs de cuisine juive, les clameurs en yiddish dans la cour et les mêmes imprécations contre l’incurie des fils et la coquetterie des filles. Que de talents de comédien étaient ainsi prodigués devant les grands-pères buvant leur verre de thé, attentifs seulement au journal yiddish qui leur donnait des nouvelles d’un pays qui n’était plus le leur.
Le temps passe, Charlotte s’est mariée avec Simon. Ses frères Claude et Robert ont chacun leurs occupations professionnelles. Le nazisme se met en place en Allemagne et les slogans anti-juifs arrivent jusqu’en France. La haine commence à s’immiscer dans les esprits. Des magasins juifs sont vandalisés, les insultes se font de plus en plus précises… Puis ce sera la déclaration de guerre à la France par l’Allemagne. Les juifs seront dépossédés de leurs biens. L’enfer commence…
EXTRAIT
Pour l’enfant que j’étais, le mot « guerre » rappelait nos livres d’histoire, la bravoure de nos soldats et les défilés de la victoire. Nous étions nourris d’héroïsme et ne rêvions que de gloire. Pour mon père, c’était tout le contraire. Il avait subi la misère des tranchées de la dernière guerre, la souffrance des corps blessés. Comme tous les anciens combattants, il connaissait trop bien les horreurs de la guerre pour ne pas redouter celle qui s’annonçait.
Ma note : 4/5
Ce que j’en pense…
Tout est amour dans ce livre qui nous emmène dans un Paris entre-deux-guerres. Lorsque les événements s’accélèrent, nous devenons spectateurs des persécutions nazies infligées au peuple juif pendant la seconde guerre mondiale à travers l’histoire de la famille de Robert Badinter.
L’écriture nous parle d’espoir, d’amour, de complicité, de désespoir, de dignité, de décisions à prendre sans se retourner… C’est un livre intime où l’ancien Garde des Sceaux, homme discret, a ressenti le besoin de parler des siens, de leur dire encore qu’il les aimait et combien leur absence se faisait pesante…
Idiss de Robert Badinter des Editions Fayard – Publication : octobre 2018 – Nombre de pages : 213 – ISBN : 2213710104
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