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Tondues…

CHAISE 148 vis et 6 pièces de bois constituent la chaise numéro 14 ou plus communément nommée la chaise bistrot.
Les religieuses l’appelaient une commodité de conversation. Son concepteur est un autrichien, presque un allemand en ces temps de seconde guerre mondiale.
Maria Salaün, est la fille du restaurateur de la Petite bedaine. Elle a vingt ans. Sa mère est morte en la mettant au monde et depuis, son père la considère comme son unique joyau.
La fin de la guerre est proche. Le restaurant de son père a bonne réputation. Il y a toujours du monde et les officiers allemands sont de bons clients.
 
Frantz était l’un d’eux. Maria et lui sont tombés amoureux, d’un sentiment pur qui n’avait rien à voir avec la guerre.
Mais à la fin des hostilités, les rancœurs, les jalousies, les comptes se réglaient. Un jour, un groupe de résistants est arrivé dans une jeep américaine au restaurant de Victor, le père de Maria. Ces nettoyeurs voulaient en découdre avec celle qui s’était entièrement donnée à un allemand, l’ennemi, le boche. Parmi ce groupe de bons samaritains, il y avait Antoine, l’ancien soupirant de Maria lorsqu’elle était à l’école et qu’elle avait éconduit.
Elle a entendu la jeep arriver. Elle n’a pas voulu fuir et s’est préparée. Elle a enfilé la robe blanche des fiançailles de sa mère et s’est avancée vers eux, la tête haute.
Sur le trottoir, ils l’ont assise de force sur la chaise N° 14, sans ménagement. Les badauds se sont rassemblés autour pour jouir du spectacle. Les insultes fusaient. Ils l’ont tondue, ces redresseurs de torts, ces gens qui croient avoir le bon droit pour eux. Le coiffeur, réquisitionné d’office, lui a d’abord coupé des mèches, une par une. Puis il a pris le rasoir pour dévoiler la blancheur de son crâne sur lequel ils ont dessiné une croix gammée. Son père n’a rien pu faire.
Maria et sa superbe chevelure rousse flamboyante. Oui, Maria était rousse. Sa propre grand-mère disait qu’elle était une malédiction. A l’école, les religieuses disaient qu’elle portait malheur et se signaient à son passage. A cette époque, les roux portaient malheur… Droite sur sa chaise, pas une larme ne coulait de ses yeux fixant l’horizon, elle regardait ses mèches de feu sur le sol, balayées par le vent.
La foule, ceux qui ont besoin de coupables, ils l’ont piétinée, ils ont sali son histoire d’amour, ils ont nié sa féminité, elle ne valait plus rien.
Puis, les badauds se sont dispersés. La fête est terminée, il n’y a plus rien à voir. Maria est restée seule sur sa chaise, sans pleurer. Non, elle ne voulait pas leur donner ce plaisir, c’était leur faire trop d’honneur.
Ils regretteront ce qu’ils ont fait, elle en était sûre. Elle ne les laisserait pas tranquilles. Maria pensait qu’elle était la seule a cristalliser la bêtise de ces gens mais elle ignorait que dans le village, Mary et Lilou avaient subi le même sort.
Ma note : 4/5 
Ce que j’en pense…
 
Les temps de guerre sont des périodes où l’être humain n’est plus lui même. Mais pourquoi passer sa rancœur de l’ennemi sur des femmes ? La féminité fait-elle si peur que le besoin de l’annihiler semble être la seule solution ?
Fabienne Juhel, nous transporte vers une tranche de vie de la seconde guerre mondiale. Avec respect, elle décrit ce que ces femmes, en contact avec les allemands, ont traversé. Elles ont payé très cher ces relations, quelles soient d’ordre privé ou professionnel.
L’écriture de ce livre est très détaillée et délicate dans la description des paysages, des sensations etc… Plonger dans l’histoire n’est pas difficile. Les femmes, personnages principaux de ce roman, sont fortes et fragiles à la fois, mais toujours extrêmement dignes.
La chaise numéro 14
Auteure : Fabienne Juhel
Editions : Actes Sud
Publication : Février 2017
Nombre de pages : 298
ISBN : 978-2-330-07301-5

Catégories :Auteur français Littérature française Rentrée littéraire 2017 Roman inspiré de faits réels Romans sur la seconde guerre mondiale

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