
Avant qu’elle ne rejoigne les anges, Alexandre Jardin rend hommage à sa mère, Fanou, une extrémiste de l’amour.
L’enfance d’Alexandre Jardin se déroule dans une demeure familiale à Verdelot en Seine-et-Marne. C’est un ancien prieuré du XIIème siècle qui abritera avec éclat les amours maternels.
Il nous raconte le parcours d’une femme libre, drôle, belle, intelligente et surtout d’une collectionneuse d’hommes insatiable et égoïste.
Depuis qu’il est petit, il est spectateur de la générosité débordante de Fanou. Avec une sincérité touchante, l’auteur magnifie sa mère au fil des mots en nous expliquant qu’elle l’a aidé à vaincre toutes ses peurs, à ne pas aimer la médiocrité. Elle lui a appris à brûler la vie et il lui donne raison.
EXTRAIT
Je t’ai toujours vue naviguer dans la grande instabilité, celle qui permet de déroger à la médiocrité, sans craindre les déconvenues, en les recherchant parfois. Ta vie t’associe au mot liberté. On ne savait trop ce que tu pulvérisais le plus vite, les préjugés ânonnés ou les emmerdeurs qui entravaient tes tribulations.
Fanou est une croqueuse de vies, rien ne l’arrête dans son extravagance qui lui sied à merveille car elle n’éprouve aucun sentiment de remord ou de culpabilité. Très pratique pour vivre un chemin comme le sien en entraînant dans son sillage sa progéniture !
EXTRAIT
Tu dévores prodigieusement, ressens de manière sismique là ou d’autres ont la faiblesse de raisonner et n’oublias jamais d’être sensuelle avec les hommes qui méritaient ta féminité. Tu es une bête. Raffinée, certes, et de haute tenue, mais une bête authentique.
L’excentrique de la vie a dévoré son mari, ses amants et son fils. Fanou a fait honneur à son nom de jeune fille … Sauvage.
EXTRAIT
Tu avais arrêté net la carrière de ce fakir qui, paraît-il, mangeait des clous, du verre brisé et buvait des coupes d’acide. Toi, il ne t’avait pas digérée.
Ma note : 4/5
Ce que j’en pense…
Dans cette famille, il y a un déni complètement indécent ou inconscient du quotidien et de la réalité .
Pas de problème Monsieur l’écrivain, le personnage de votre mère ne laissera personne indifférent.
Mais qu’est-ce qu’une mère ou un parent ? Une personne aimante qui vous donne confiance en vous pour vous aider à devenir adulte. La mère d’Alexandre Jardin a effectivement ces qualités mais les exprime d’une façon qui lui est toute particulière. C’est une muse pour la gente masculine mais je la trouve aussi un peu névrosée, et surtout extraordinairement égocentrique !
EXTRAIT
C’est dans ce non-dit que je suis devenu avide de mots, une sorte d’écrivain, un homme qui dit pour ne pas être muré dans l’inexprimable. Aussi bien lorsque j’écris et publie sur Papa, sur les Jardin dans leur ensemble ou sur mon grand-père glaçant, Jean Jardin dit le nain jaune, en particulier.
Au début de cette lecture, le personnage de cette femme me faisait sourire car je me disais : « Fanou, quelle santé ! ». Mais au fur et à mesure, j’ai trouvé qu’elle se concentrait trop sur sa proie à dévorer, l’homme ou plutôt les hommes et que ses enfants n’avaient qu’à s’habituer tous seuls à ce style de vie. Trop dangereux pour l’enfance !
Pour avoir un tel appétit intérieur, il faut se sentir bien seule. Une éternelle insatisfaite peut-être ? Les frasques de Fanou ont commencé à m’ennuyer un peu.
Mais le sentiment qui m’émeut vraiment dans ce récit biographique est le cri d’amour que lui lance l’auteur, son fils. Il restera à vie un petit garçon envers cette femme égocentrique et parfois dure avec lui. Alexandre Jardin porte un culte à son enfance.
Sincèrement : J’ai longtemps hésité entre la notes 3 ou 4. J’ai tranché à quatre car c’est un livre bien écrit et plein de sincérité. Ce qui m’a fait basculer vers le 4 est l’admiration à pleurer et le non-jugement que ce petit garçon devenu homme porte à sa mère. La corde sensible a bien joué son rôle !
Ma mère avait raison
Auteur : Alexandre Jardin
Editions : Grasset
Nombre de pages : 216
Publication : Octobre 2017
ISBN-10 : 2246863783
ISBN-13 : 978-2246863786
Catégories :Roman biographique
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