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Le destin d’une broche

LA ROSE DORMEUSE1840, Louise-Anna Werner, surnommée Louisa, petite fille de 12 ans, vit avec sa tante Léonie Werner dans le quartier de « La Petite France » à Strasbourg. Un matin, alors qu’elle traverse la rue, un attelage manque de la renverser. Elle l’évite de peu et à peine remise de ses émotions, Madeleine de Baugé, la passagère, en descend affolée. Elle est couturière, créatrice de modèles et possède une boutique très en vogue dans le centre de Strasbourg, «Mode et Confection de Paris».
EXTRAIT
Elle allait entamer la traversée de la place Saint-Pierre-le-Vieux, quand subitement, surgissant sur sa droite, un attelage bai faillit la renverser.
Prise de frayeur, elle fit un bond en arrière et lâcha le cruchon qui se fracassa au sol.
— Eh ! Attention, fillette ! gueula le cocher en tirant sur les rênes pour ralentir la cadence.
Dans la voiture, une femme coiffée d’un large chapeau à plumes et un homme fort élégant étaient tous deux vautrés dans le fond de la banquette garnie de velours rouge. L’élégante dame, visiblement bouleversée par ce qui venait de se passer, se pencha vers son voisin et lui susurra quelques mots à l’oreille. Aussitôt, l’homme ordonna au cocher de stopper la voiture. Une fois la voiture immobilisée, l’élégante dame, aidée par le valet de pied, descendit du coupé et se précipite vers l’enfant.
Madeleine réconforte Louisa et lui propose de passer à sa boutique afin de lui faire oublier ce malencontreux épisode. Quelques jours plus tard, celle-ci s’y présente accompagnée de sa tante Léonie. L’opulence en tissus, rubans, dentelles ou autres les laissent sans voix. Quel luxe ! Madeleine, comprenant l’intérêt de Louisa pour toutes ses créations, lui propose d’y venir travailler en tant qu’apprentie. Elle essaie de faire comprendre à sa tante Léonie que c’est une aubaine pour sa nièce car les filles sans métier sont vouées à l’usine et ne sont attachées qu’à des postes pénibles et mal payés. Après réflexion et quelques hésitations, Léonie accepte.
Cette jeune fille va découvrir le luxe et la bourgeoisie de Strasbourg. Elle s’y adapte très facilement car elle est douée d’une personnalité curieuse, gaie et dynamique. Elle ne rechigne pas à la tâche et Madeleine reconnait ses talents. Très contente du travail de sa jeune stagiaire, elle décide de fêter la fin de son apprentissage en invitant des amies et des clientes à la boutique pour découvrir les nouveaux modèles créés. Madeleine s’aperçoit avec stupeur que Louisa porte la même broche que sa mère. Elle pensait que l’exemplaire était unique.
EXTRAIT
Les deux femmes découvraient avec ravissement les innombrables rubans. Il y en avait des larges et des fins, en velours, en taffetas, en satin, en broché de soie d’or, et d’argent.
— Celui-ci est magnifique, s’exclama Louisa, en piochant un ruban de velours noir ponctué d’une rose en son milieu. C’est la grande mode à Paris. Il se noue autour du cou pour faire ressortir la blancheur de la peau.
Joséphine, convaincue, prit entre ses doigts délicats le ruban de velours noir, et fit mine de le passer autour de son cou, tout en s’extasiant : – C’est donc cela la grande mode à Paris ?
A travers cette aristocratie qui tourne autour des créations de Madeleine, nous découvrirons les origines de Louisa et de sa tante Léonie sans oublier les amours interdits, le poids des conventions et les jalousies. Louisa retrouvera t-elle son rang perdu à cause d’une erreur de jeunesse de sa tante ?
La broche est la pierre angulaire de toutes les questions que Louisa se pose au sujet de la disparition de sa mère. Pourquoi sa tante en possède t-elle la réplique exacte ? Drôle de coïncidence ! Louisa a souvent eu l’impression que trop de secrets virevoltaient autour d’elle.
EXTRAIT
Des liens d’affection avaient rapproché Madeleine et Louisa, unies toutes les deux par une même passion : la création. Madeleine, guidée par un sentiment de probité, lui avait fait aménager une magnifique chambre, avec tout le nécessaire, au-dessus de la boutique.
Ma note : 3/5
Ce que j’en pense…
Le romantisme est à l’oeuvre dans La rose dormeuse de Catherine Wolff. Ce livre est agréable à lire et regorge de détails intéressants sur la mode et la haute société strasbourgeoise du milieu des années 1800. Nous traversons les rues de la capitale alsacienne sur le chemin d’une héroïne, Louisa, en quête de ses origines qui ne tiennent qu’à un fil ou plutôt qu’à une broche …
Tout est très féminin, nous nous imaginons parfaitement être dans la boutique de Madeleine jouant avec les rubans, les tissus de crêpe, de satin, les dentelles et nous glissant dans les derniers modèles de cette créatrice de mode. L’auteure, Catherine Wolff, a fait un gros travail de documentation sur le monde de la couture, les secrets de beauté de l’époque et la ville de Strasbourg.
Nous apprenons que  Louis XIV était un cachotier car dans les livres d’histoire, il n’est pas mentionné que le règne du ruban est apparu à cause des difficultés financières du royaume. La consommation du superflu fût interdite. Mazarin fit bannir toutes les broderies d’or et d’argent sur les vêtements des gens fortunés, excepté pour la famille royale. Et c’est ainsi qu’apparurent ces fameux rubans. Il y en avait partout, dans les cheveux, sur les chapeaux, autour du cou etc …
Le mystère des origines de Louisa est une intrigue bien menée. Ce monde bourgeois semble avoir la vie bien facile par rapport à la classe ouvrière de l’époque.
EXTRAIT
Le salon de Madeleine ressemblait maintenant à un joyeux réfectoire. Presque toutes les dames invitées étaient arrivées.
— Saviez-vous qu’à Paris «paraître un peu souffrante» est du dernier chic, dit tout à coup Flore Aigremont, épouse d’un colonel de l’armée, muté à Strasbourg depuis peu.
— Et que l’esthétique du moment est à la pâleur, ajouta une dame en robe vert bronze.
Une autre, au chapeau extravagant, dit alors :
— Ma sœur, installée rue Saint Honoré à Paris, me raconte dans sa dernière lettre, qu’une comtesse, pour briller lors d’une soirée et paraître encore plus pâle encore que toutes ses amies, n’avait pas hésité à avaler un litre de vinaigre, la veille d’un grand dîner.
Les différences sociales sont visibles à divers moments du roman et nous sentons la richesse, la modernisation et le développement strasbourgeois du début de cette révolution industrielle. La manufacture de tabac édifiée en 1811 est au coeur de l’activité commerciale de la cité alsacienne car le vin, les eaux de vie, le coton, les épices, le sucre et le tabac y transitent. L’évolution de l’infrastructure des transports comme l’utilisation d’une ligne ferroviaire vers Mulhouse qui ira jusqu’à Bâle en 1845 ne font qu’accroître son tourisme et sa population.
A la veille de la guerre de 1870, Strasbourg sera l’une des plus grande villes de France mais aussi d’Europe.
La rose dormeuse
Auteur : Catherine Wolff
Éditeur : Editions De Borée
Parution : Août 2017
ISBN : 2812921854
333 pages

Catégories :Auteur français Littérature française Roman

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